Prologue

02/11/2014 17:13

La ville était magnifique, sublime, un vrai petit paradis sur terre. La légendaire cité Aerial répondait bien à sa réputation ! Ah il l'avait attendu, il l'avait attendu, la permission de ce voyage.

Le chef du village avait pourtant énormement insisté, lui disant que ce n'était pas si bien que ça, que les gens de là bas étaient mauvais."Ils ont un double visage Piero, n'y vas pas", lui avait-il dit. Mais à force, il avait réussi, réussi à le convaincre de le laisser y aller, de le laisser s'y installer.

Maintenant qu'il y était, la ville était exactement comme il l'avait imaginé; immense, majestueuse, verdoyante. Un parfum, mélange d'arômes fleuries de la ville, émanait des parterres de fleurs, des arbres et des lierres et caressait doucement le nez tel une Dryade du sud.

 

Au début, il avait mis du temps avant de comprendre comment était organisé la cité. Lui, venant d'un petit village à l'ouest était totalement perdu au beau milieu de cette indescriptible entreprise.

De partout, des commerces, des maisons, des temples, des hotels. De partout, des gens pressés, n'ayant pas le temps de répondre aux questions, des ouvriers s'affairait à la construction. De partout, les odeurs, les saveurs et les humeurs de la ville.

Tout cela, réuni, assemblé, en cohérence, donnait mal au crâne, tout allait trop vite.

 

Finalement, au bout de deux semaines, il s'y était habitué et s'était trouvé un travail sur une construction. Il s'était trouvé un logement. Bref, tout allait pour le mieux.

 

En se reveillant ce matin très tard, trop tard, il savait, il savait que quelque chose n'allait pas. La ville, les rues, les maisons, les pierres, les passants, les ouvriers, les commerçants, leurs ombres.... Tout était plus morne, sans vie, sans couleur...

 

Alors, voyant que personne n'était visiblement prêt à lui expliquer, il se dirigea aux affaires publiques, au palais.

Tout le monde était affairé, courant partout des documents plein les bras. Seuls les gardes, comme à leur habitude, montraient une placitude totale, ne bougeant pas d'un pouce.

Piero commençait vraiment à s'inquièter... Que s'était il passé ? Une guerre, une invasion des Firoliens ? Ou pire encore, un cataclysme magique ou n'importe quoi de très grave ?

Il avançait, dans le hall principal du palais. Immense, celui ci l'avait énormement impressioné quand il était venu s'enregistrer comme nouvel habitant.

_Vous n'étiez jamais venu ici n'est ce pas ? Vous n'êtes pas d'ici hein ? Lui avait demandé un homme, riche en apparence.

_Euh... non, je... enfin si, je ne suis pas d'ici... Je viens pour m'enregistrer. On m'a dit de le faire pour pouvoir m'installer... Répondit Piero.

_Oh, un nouveau futur ouvrier je présume... Pour vous enregistrer, vous devez aller tout au fond, puis tourner à droite après ce patio là bas vous voyez ? Expliqua l'homme en pointant du doigts la dite zone. Je suis sûr que votre main sera mis à l'oeuvre...

_Oh, merci ! Mais il y a quoi à gauche du coup ?

_Les affaires publiques... Ce sont ici qu'arrivent et partent les nouvelles. Vous aurez l'occasion d'y aller.

_Merci alors. Et au revoir.

_Nous nous reverrons ne vous inquiètez pas. Je suis un des maitres de chantiers voyez vous... Bonne chance.

Les deux hommes se quittèrent.

 

Il n'avait pas eu la nécessité, pour le moment, d'y retourner... Le patio... il cherchait le patio.

_Ah le voilà ! Dit il en se dirigeant entre les immenses colonnes de marbre.

Cet endroit est si impressionnant ! Si grand ! Continua t-il, se parlant à soi même.

Et en effet, l'endroit était immense, une gigantesque salle en guise de hall, quelques centaines de salles en périphérie de celle ci. Des portes immenses, des fresques de grands peintres au plafond, des tapisseries rouges et dorées sur les murs. En son centre, un escalier, tout en marbre finement sculpté, où était gravé toute l'histoire de la ville. Des histoires du passé, de héros, de combattants, de chevaliers, mais aussi des légendes, mêlant créatures affreuses et féériques... Au dessus de cet escalier, les trônes, celui du roi, de la reine, et de leur enfant, la princesse.

 

Il arriva enfin, après cinq minutes de marche contemplative, devant le patio. Il le traversa, puis prit à gauche, vers les affaires publiques.

 

Fermé. C'était fermé. Les affaires Publiques, centre névralgique de l'information, base de données, de courriers, de papiers, était fermé !

Enervé et dans l'incompréhension complète, il fit demi tour et arrivé au hall, hurla sur la première passante qu'il croisa _MAIS QUE SE PASSE T'IL ICI ENFIN !? Oubliant toutes les politesse qu'il avait en ce début de journée pour ne pas gêner la populace.

Il fut surpris, quand la passante, une vielle femme, tendit le bras vers l'escalier. Comme pour l'inviter à y monter.

 

Il ne l'avait pas souligné avant, mais les quelques personnes qu'il avait vu y aller, ne redescendaient pas. Intrigué, il monta alors le gargantuesque édifice de pierre.

 

Et là, après s'être faufilé dans la foule imprévue qui se trouvait à l'endroit, il comprit. La vérité, aussi dure soit elle, aussi violente soit elle.

Celle que tout le monde aimait, celle que tout le monde soutenait. Celle qui, dans quelques années, aurait pris la place de ses parents pour diriger, avec un mari, le royaume d'Aerial.

La princesse était là, dans son cerceuil, cousu à son linceul. Son visage, gris. Ses yeux, fermés; sa bouche, droite.

La princesse était là, dans son cercueil. Morte. Avec, comme seul illusion du vivant, ses cheveux blonds, toujours aussi soyeux.

 

Il n'était là que depuis quelques semaines, pourtant, lui, comme toute la ville, était très attaché à la princesse. Gentille, noble, belle, intelligente. Elle était la future souveraine parfaite, digne fille de ses parents, qui avaient règné sur le royaume avec sagesse et parcimonie.

 

Tout autour de lui, il entendait, les gens murmurer, certains sangloter, d'autres pleurer... Des mots ressortaient du brouhaha. Les mots "assassin" "princesse" "exécution" "16heures".

 

_L'assassin de la reine a donc été capturé ? Pensa t'il. Je dois aller le voir visage de ce monstre...

Ainsi, il sortit du palais, avec le même moral que le reste de la ville.

 

Il avait passé l'après midi, à travailler, comme tout le monde, sans joie, sans envie...

 

Quand vint le soir. Il le vit. Il vit cette assassin. Peau métisse, cheveux noir, vêtements sombre. L'homme était attaché au sol par de solides cordes... Il était, tête baissée, recroquevillé comme il le pouvait sur lui même.

 

Le billot était installé, et la foule, déjà en émoi, hurla "TUEZ LE" "TUEZ L'ASSASSIN", en voyant le bourreau s'avancer, la hache en main.

 

L'exécution fut prononcée. L'on dit qu'il s'appelait Fahër. L'on dit aussi qu'il faisait partie d'un groupe, on expliqua ses crimes. Puis le major, à coté du bourreau, demanda à haute voix, à l'homme, pourquoi il avait fait ça. Et surtout, qu'avait il à dire, en ultime défense, avant de mourrir.

Le bourreau lui souleva la tête et l'on découvrit son visage. Un visage fin, comme affuté, une cicatrice le long de l'oeil. Mais surtout, un regard dépité, perdu, les larmes aux yeux. Un visage effrayant, tant il montrait l'incompréhension.

Puis, quand l'assassin vit la foule, celui ci rebaissa la tête comme couvert de honte et ne dit pas un mot.

_A mort ! Hurla la foule. Renvoyez le dans l'Intramonde !

Pierot se demanda, en repensant au visage de l'homme, s'il se sentait coupable...

_Non, non, un homme faisant une telle chose ne se sent pas coupable, sinon il ne le fait pas ! Se répondit il à lui même.

 

Personne, n'aurait pu savoir qu'en réalité, les principaux mots qui venaient à l'esprit de Fahër, étaient "trahison" "mensonge" "vengeance" "pourquoi ?". Personne, sauf une seule âme dans la foule, qui regardait, tristement. Pendant que le bourreau plaçait la tete de l'assassin, arnaché comme une bête de foire, sur le billot.

 

Alors, la hache tomba.

 

Qu'en penses tu ?

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